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Les fractures péri-prothétiques fémorales de la hanche: étude rétrospective à propos de 15 cas

Les fractures péri-prothétiques fémorales de la hanche: étude rétrospective à propos de 15 cas

Periprosthetic femoral fractures of the hip: a retrospective study of 15 cases

Mohamed Amine Karabila1,&, Younes Mhamdi1, Mohamed Azouz1, Ismail Hmouri1, Tarik Madani1, Mohamed Kharmaz1, Med Ouadghiri1, Moulay Omar Lamrani1, Ahmed Bardouni1, Abdou Lahlou1, Mustapha Mahfoud1, Mohamed Saleh Berrada1

 

1Service de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc

 

 

&Auteur correspondant
Mohamed Amine Karabila, Service de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc

 

 

Résumé

La prise en charge d'une fracture au voisinage d'une prothèse de la hanche dépend de différents facteurs. En marge des facteurs liés à l'état physiologique du patient ou à l'expérience du chirurgien l'analyse précise de la fracture et de ses conséquences est essentielle.Le but de cette étude est d'évaluer les résultats des différents méthodes, proposer des indications en fonction des critères liés au terrain, au type et à la localisation de la fracture et à l'état de la fixation prothétique au moment de la fracture.


English abstract

The management of a fracture close to a hip replacement depends on various factors. Alongside factors related to the patient’s physiological condition or to the experience of the surgeon, the precise analysis of the fracture and its consequences is essential. The aim of this study was to evaluate the results of different methods, to provide indications based on criteria related to the terrain, the type and the location of the fracture and the state of the prosthetic fixation at the time of fracture

Key words: fractures, hip, femoral

 

 

Introduction    Down

Les fractures péri-prothétiques de la hanche semblent augmenter en fréquence [1,2] probablement en raison de l'augmentation du nombre d'implantation de prothèse de hanche et du vieillissement de la population. La prévalence est difficile à évaluer et fait de 0.1% à 2,1% [3-5]. Les fractures du fémur survenant sur une prothèse de la hanche posent des problèmes thérapeutiques difficiles en raison de l'âge souvent avancé des patients, de l'ostéoporose et de la menace que ces fractures font peser sur la fixation de la prothèse parfois déjà défaillante. Les critères d'analyse ont concerné le patient et le type de la fracture en utilisant la fracture de Vancouver modifiée SO.F.C.O.T. (Figure 1) pour la hanche. L'analyse de la technique opératoire, de l'évolution péri-opératoire et de la consolidation osseuse a permis d'évaluer le devenir de la fracture au seuil de 6 mois.

 

 

Méthodes Up    Down

Il s'agit d'une étude rétrospective portant sur 15 patients traités entre 2007 et 2015 au CHU ibn sina de Rabat et revus avec un recul moyen de 7 mois. Ont été incluses les fractures du fémur survenues sur tous types de prothèse de hanche (totale, intermédiaire), quels que soient leur niveau et leurs traitements. Les fractures pathologiques, les fractures peropératoires et les fractures survenues lors des trois premiers mois suivant la mise en place de la prothèse ont été exclues de cette étude.La fracture a été analysée en utilisant la classification de Vancouver [6-8]. Les complications ont été recensées d'une part pour la période postopératoire jusqu' au quinzième jour et d'autre part jusqu'au sixième mois. Les résultats ont été évalués au recul maximum, par un examen clinique et radiographique.

 

 

Résultats Up    Down

Patient : parmi ces 15 patients, 6 étaient des hommes (40%) et 9femmes (60%). La moyenne d´âge est de 67 ans, avec des extrêmes d´âge de 40 ans et 88 ans. 10 patients vivaient chez leur domicile et autonomes et 5 patients vivaient en structure médicalisée. 8 patients marchaient sans canne, 3 patients utilisaient deux cannes, 2 patients se déplaçaient avec déambulateur et 2 patients étaient grabataires. Le côté atteint était droit dans 80% des cas. Le traumatisme initial était une simple chute de hauteur chez la majorité des patients (13 cas ou 86%), un accident de voie publique chez 2 patients. la fracture s'est faite dans 9 des cas sur une prothèse totale de la hanche (60%), 6 sur prothèse intermédiaire (40%). Selon la classification de Vancouver (Tableau 1), les fractures se répartissent entre 1 cas de type A (6.66%), 12 casde type B (80%) et 2 cas de type C (13,33%) (Figure 1,Figure 2,Figure 3, Figure 4). Traitement : la prise en charge était un traitement orthopédique simple pour un seul cas (6,66%) et chirurgical pour les autrescas (93,33%) : cerclage seul pour 8 patients, ostéosynthèse par plaque pour 5 patients et changement de de la tige fémoral avec cerclage pour un seul patient (Tableau 2). Le délai moyen de l'intervention par rapport au traumatisme était de 6 jours et la durée d'hospitalisation était en moyenne de 13 jours. Mortalité : le taux global de mortalité à 6 mois était de 6.66% (un seulcas). Complications : le taux de complication à 6mois était de 20% comportant deux complications post-opératoires immédiates: un cas d'infection superficielle de la paroi (6,66% ) et un cas de phlébite de la jambe ( 6,66%) traitées médicalement et une complication tardive à 5 mois : luxation d'une PIH suite à une chute (6,66% ) réduite par manœuvre externe. Consolidation : la fracture était consolidée dans tous les cas et la fixation osseuse était bonne dans 86 % (13 cas) sans signe de descellement manifeste.

 

 

Discussion Up    Down

Patient : l'âge moyen dans notre série est similaire par rapport aux autres séries : 67 ans pour Beals et Tower [9], 69 ans pour Haddad et Duncan [10] et 68ans pour Berry [11]. Les fractures péri-prothétiques fémorales intéressent le plus souvent la femme vivant à son domicile probablement par manque d'aide. Cette prédominance féminine est retrouvée dans les principales séries de la littérature [12-15]. Nous avons retrouvé dans la grande majorité des cas un traumatisme minime, comme Beals et Tower [9].

 

Mortalité : la gravité de ces fractures péri-prothétiques est soulignée par le taux de mortalité qui atteint 6,66% à 6 mois. Aucune série de la littérature n'analyse de façon spécifique le taux mortalité et de morbidité, les différentes séries publiées, toujours rétrospectives, s'attachant essentiellement à décrire les résultats des différents techniques chirurgicales.

 

Complications : le type de traitement ne semble pas avoir influencé le taux d'infection et de luxation. Les cas de pseudarthrose sont absents dans notre série par contre nous avons un taux élevé d'infection et de luxation par rapport aux autres séries.

 

Indications thérapeutiques : le choix thérapeutique devant une fracture sur prothèse de hanche doit rester réaliste et repose sur 3 paramètres principaux : -l'état général du patient et ses tares associées -l'évaluation radiologiqueprécise de la fracture ce qui permet une classification consensuelle à visée thérapeutique -l'expérience du chirurgien dans les reprises prothétiques et du matériel dont il se dispose. Les fractures de type A ou C ne semblent pas poser de problème d'indication thérapeutique relevant le plus souvent respectivement d'un traitement orthopédique et d'une ostéosynthèse, sauf en cas de descellement manifeste. Les fractures de type B posent le plus de difficultés quant au choix entre ostéosynthèse et changement de prothèse. Pour les fractures B3, où la fixation est défaillante, il parait logique de changer la prothèse [16-18]. Pour les types B2 nous proposons l'ostéosynthèse aux patients à faible demande fonctionnelle et/ou en très mauvais état général et le changement prothétique pour les autres. En ce qui concerne les fractures B1 l'ostéosynthèse nous parait la règle

 

Prévention des fractures péri-prothétiques : la survenue d'une fracture de fémur autour d'une prothèse de la hanche et sa prise en charge s'accompagnent d'un taux élevé de complications et peut engager le pronostic vital chez des patients tarés ou fragiles ce qui nécessite une bonne maitrise de pose des prothèses de hanche, préféré des tiges fémorales longues en seconde intention et surveiller régulièrement les prothèses descellées de la personne âgée, notamment en cas de forces varisantes excessives avant la survenue d'une fracture.

 

 

Conclusion Up    Down

Avec l'augmentationdu nombre d'arthroplasties de la hanche, ces fractures autrefois rares deviennent plus fréquentes. Elles posent le problème de leur prise en charge du fait de l'âge et de la médiocre qualité osseuse. L'ostéosynthèse doit être fiable et respecter les critères de la mécanique conventionnelle

Etat des connaissances sur le sujet

  • Pathologie de plus en plus fréquente du fait de l'augmentation du nombre de prothèses de hanche posées au monde;
  • Si le diagnostic lésionnel ne pose pas de problème, la démarche thérapeutique à adopter reste souvent intuitive basée sur l'expérience du chirurgien et sur le type de fracture.

Contribution de notre étude a la connaissance

  • Fracture atteint souvent le sujet âgé et engage le pronostic vital;
  • Nécessite une ostéosynthèse solide voir une reprise prothétique d'emblé;
  • Surveiller toute prothèses régulièrement et détecter les signes radiologiques favorisants une fracture péri-prothétiques

 

 

Conflits d’intérêts Up    Down

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.

 

 

Contributions des auteurs Up    Down

Tous les auteurs ont contribué à la rédaction de ce manuscrit, tous ont lu et approuvé la version finale.

 

 

Tableaux et figures Up    Down

Tableau 1: classification de Vancouver des fractures péri-prothétiques fémorales

Tableau 2: traitement en fonction du type de la fracture selon la classification de Vancouver

Figure 1: fracture type B1 de Vancouver traitée par cerclage seul

Figure 2: fracture type B2 (la tige est enfoncée et variée) de Vancouver traitée par une tige cimentée et cerclage

Figure 3: fracture type B1 de Vancouver avec un refend en dessous de la lige traitée par plaque

Figure 4: fracture type C de Vancouver traité par une plaque vissée et cerclage

 

 

Références Up    Down

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